La salle de bain. Mon seul véritable refuge ici. Evidemment, avant que je ne parte à New-York pour mes études en chimie, j’avais ma chambre. Ils n’ont pas mis beaucoup de temps avant de la transformer en bureau méconnaissable. Je n’ai même jamais osé leur demander ce qu’ils avaient fait de mes affaires. Du moins, celles que je n’avais pas récupérer. Aujourd’hui, je le regrette un peu. Mes parents peuvent être très imprévisibles. Beaucoup moins avec ma cousine Candy, avec qui j’ai grandi une bonne partie de mon enfance et qui est devenue comme une petite sœur pour moi. A croire que parfois, il l’aime davantage que moi. Ils me foutent une pression sociale et professionnelle depuis mon plus jeune âge et malgré toutes ces années, je n’arrive toujours pas à m’y faire. Sûrement parce que je suis leur seul fils et qu’ils estiment que les hommes doivent absolument « réussir » dans leur vie. Mais s’ils ne m’avaient pas fait revenir de mes études, j’aurais pu devenir un grand chimiste, oui, j’en suis sûr. Même si les opportunités ne pleuvaient pas, je dois bien l’avouer. Mais je me serais battu et j’aurais voulu abandonner par moi-même si cela avait du arriver. Aujourd’hui, je me suis fait une raison, j’arrive même à venir leur rendre visite une fois tous les six mois. Mais à chaque fois, c’est la même rengaine. Ils ne comprennent rien, ils ne sont jamais satisfaits et ne le seront jamais. Le dessert même pas servi, mon assiette loin d’être terminée, je m’isole en m’excusant pour me réfugier dans la salle de bain. Les mains sur le lavabo, le regard dans le vide, je me demande si c’est une bonne idée. Je récupère alors une pilule de l’intérieur de ma veste et la regarde, hésitant. Si je la prends, oui, je me sentirais mieux. Mais je redeviendrais dépendant d’elles.

CODAGE PAR AMATIS

Ce soir il y a un dîner de famille à la maison O'Reilly dans laquelle la blonde a grandit une bonne partie de sa vie. C'est à l'âge de quinze ans que ses parents sont morts dans un accident de voiture et depuis ce jour Candy a vécu avec son oncle et sa tante ainsi que leur fils dont elle est très proche. Bien vite elle a considéré son oncle et sa tante comme ses propres parents et Evan comme son propre frère. Elle a toujours pu compter sur eux la petite blonde aux yeux bleus et encore aujourd'hui elle ne déroge pas à la règle des réunions de famille qui arrivent de temps à autre. Evan lui a dit qu'il viendrait donc elle a hâte de passer un moment en sa compagnie et espère que leurs parents vont se montrer plus tendres que d'habitude à l'égard de leur fils. Parce qu'ils lui en demandent beaucoup selon Candice qui ne comprend pas toute cette pression qu'ils mettent sur les épaules de leur fils. Evan ne mérite pas ça selon la belle blonde. Les parents espéraient une vie professionnelle toute tracée pour Evan en tant que chimiste et vu qu'il a terminé pompier ça ne leur convient pas apparemment. Elle, elle trouve ça honorable qu'il ai suivi sa voie sans se préoccuper de ce que untel pensait. Elle est fière de son frère la belle. Du coup durant le repas c'est la même rengaine que d'habitude, les parents exerçant une pression trop grande sur Evan se montrant limite désobligeants et bientôt Evan se lève, s'excusant au passage puis il file dans la salle de bain. Candy se lève alors tout en fixant ses presque parents adoptifs en soupirant « Vous ne voyez donc pas qu'il est heureux en tant que pompier ? Laissez-le vivre sa vie sans lui imposer quoique ce soit un peu... De mon point de vue ça lui ferait du bien. Maintenant excusez-moi mais je vais rejoindre mon frère. » Fait-elle savoir tandis qu'elle les quitte pour rejoindre Evan dans la salle de bain, elle le voit alors avec une pilule en main et elle grimace « Ce n'est pas à toi de te remettre en question tu sais ? Tu n'es pas obligé de reprendre ton traitement Evan... Il faut qu'ils se décident à t'accepter comme tu es. C'est ce que je viens de leur dire... Ne te remets pas en question, ce n'est pas toi le problème dans l'histoire selon moi. Alors s'il te plaît... Repose cette merde tout de suite et ne recommence pas tes conneries du passé. » Qu'elle supplie à son cousin tout en le scrutant longuement plongeant ainsi ses beaux yeux bleus dans ceux de celui qu'elle considère comme un frère...

CODAGE PAR AMATIS

La tentation est grande. Je sais que mes parents ont tort, je sais que je ne devrais pas prendre autant à cœur leur jugement, mais je supporte toujours aussi mal leur pression. Comme si ça allait changer quelque chose dans ma vie. Je ne vais pas devenir complètement quelqu’un d’autre, maintenant que j’ai trente ans. C’est foutu. Comment peuvent-ils être toujours aussi exigeants ? Je sais bien qu’ils font tout pour s’y faire, mais leur pique et leur remarque m’atteignent directement. Je travaille depuis des années pour que ça ne soit plus le cas. Heureusement j’ai la jolie Candice de mon côté, qui me défend à chaque fois. Je l’entends indistinctement, mais je n’ai pas besoin de savoir ce qu’elle dit pour le savoir. Mon dilemme reste pourtant le même. J’en ai marre de me sentir aussi mal en leur présence et je voudrais juste me détendre pour une fois. Mais avant que je ne puisse prendre la moindre décision, Candice débarque dans la salle de bain. Je l’ai toujours aimé, depuis sa naissance, mais encore plus depuis qu’elle vit avec nous. Même si au final, j’étais déjà à l’université quand elle est arrivée. Mais il m’a fallu du temps avant de quitter le cocon familial, et forcément on s’est rapproché encore plus. Forcément, depuis je la considère davantage comme la petite sœur que je n’ai jamais eu. Et elle a été mon véritable rayon de soleil. Elle l’est toujours. Et forcément, je me sens honteux face à elle, à deux doigts de céder à ma pilule. Ses paroles m’atteignent directement et m’influencent bien plus que celles de mes parents. Je laisse alors échapper un souffle en même temps que ma pilule qui glisse directement dans le lavabo pour y disparaître Je suis désolé Candy … Ce n’est peut-être pas moi le problème, mais ils ne m’accepteront jamais comme je suis et ça me fatigue tellement. Même à trente ans, ils n’arrivent toujours pas à comprendre que je ne serais jamais ce qu’ils veulent. Même si on n’arrête pas de leur rabâcher … Je n’ose pas regarder ma cousine, bien trop perdu dans mes tourments pour ne pas y céder.

CODAGE PAR AMATIS

Tout ceci la rend dingue. Elle a énormément de mal à comprendre et à cautionner que les personnes qu'elle considère comme ses parents traitent ainsi leur fils, celui qu'elle considère comme son frère. Evan n'a rien fait de mal et qu'on se le dise clairement il n'y a pas de sous-métier. Chacun est libre de faire ce qu'il souhaite de sa vie. Alors oui OK les parents O'Reilly avaient sûrement des projets plus ambitieux pour leur fils et ça elle peut l'entendre sans souci... Néanmoins être pompier selon elle c'est une fierté. Après tout il met sa vie en danger tous les jours pour sauver des gens ou éteindre des feux. Et puis merde alors Evan est un mec bien, il ne se drogue pas, il n'est pas alcoolique, il est poli et distingué. Décidément la blonde ne comprend vraiment pas ce qu'ils peuvent encore et toujours lui reprocher et pourquoi ils agissent de façon aussi minable avec lui. Elle voit les choses comme ça elle en tout cas. Ainsi elle rejoint son frère dans la salle de bain le trouvant en tête à tête avec une pilule et elle tente de l'aider à se ressaisir vu qu'il semble démuni. Après un moment Evan finit par relâcher la pilule la laissant tomber dans le lavabo, Candy sourit donc rassurée qu'il se soit repris en main "Je suis désolé Candy … Ce n’est peut-être pas moi le problème, mais ils ne m’accepteront jamais comme je suis et ça me fatigue tellement. Même à trente ans, ils n’arrivent toujours pas à comprendre que je ne serais jamais ce qu’ils veulent. Même si on n’arrête pas de leur rabâcher …" Elle penche la tête sur le côté en soupirant « Je refuse de penser comme ça Evan... Je veux croire qu'ils vont finir par comprendre et accepter. Tu es pompier, pas dealeur. Tu fais quelque chose de bien dans ta vie, tu sauves des vies, c'est honorable. Bien plus qu'être chimiste selon moi. » Fait-elle remarquer histoire de le rassurer et de le détendre. « Cesse donc de te rendre malade pour eux. » Qu'elle recommande en le dévisageant longuement de ses grands yeux bleus...

CODAGE PAR AMATIS

Trente ans et toujours pas accepté par ses parents. Au fond, je sais qu’ils m’aiment et je sens bien qu’ils s’apaisent avec le temps, qu’ils finissent par comprendre qu’ils se battent dans le vide. Que la seule chose qui finiront par récolter, c’est de voir de nouveau leur fils en maison de repos. Je ne sais pas si ça les dérangerait vraiment au final. Je suis quasi sûr qu’ils en profiteraient pour me renier. Mes idées et pensées sont noires, trop noires et ça faisait longtemps qu’elles ne l’avaient pas été ainsi. J’en ai eu des pires et le suicide ne fait plus parti de mes envies, c’est déjà ça. J’aime ma vie telle qu’elle est, même s’il a été difficile pour moi de tourner la page sur la chimie. Mais il faut parfois se rendre à l’évidence. Tout ne peut pas fonctionner comme on le voudrait. Heureusement pour moi, même si elle est arrivée tardivement dans notre maison, je peux compter sur ma cousine, qui est davantage devenue comme une sœur pour moi au fil des années. Elle assiste à tous nos repas familiaux et si elle n’était pas là, je ne pense pas que je pourrais les supporter encore très longtemps. Je serais rentré chez moi plutôt que d’aller m’enfermer dans la salle de bain. Son optimisme me fait du bien. Je me mets même à sourire quand elle me fait part que j’aurais pu devenir bien pire. Elle essaye de me faire voir le bon côté des choses, de me faire passer au-dessus de l’avis des parents. Mais ce n’est pas si évident. Je soupire un nouveau coup et viens m’asseoir sur le rebord de la baignoire, le regard dans le vide, en pleine réflexion C’est ce que j’essaie de faire depuis des années. Mais c’est bien plus facile à dire qu’à faire …. Parce que je n’y arrive simplement pas par la force de ma volonté. Peut-être n’est-elle pas assez forte. Je voudrais tellement qu’ils m’acceptent pour ce que je suis. C’est ça qui m’empêche d’avancer. Je ne devrais pas avoir besoin de leur accord, de leur amour pour me sentir bien, et pourtant, c’est bel et bien le cas. J’arrive à fermer les yeux au quotidien, mais lors des repas de famille, je sens bien que c’est ce qui manque dans ma vie pour être réellement heureux et épanoui.

CODAGE PAR AMATIS